Ce qui empêche bien souvent la prise de conscience de notre vraie nature, c'est l'attente d'un événement extraordinaire. Nous pensons que l'éveil sera une expérience mystique, un choc exceptionnel; nous pensons que les anges vont sonner toutes les trompettes du ciel...
Comme le disait Maharaj :
"Vous voudriez quelque chose comme une extase perpétuelle. Les extases viennent, puis s'en vont par nécessité, parce que le cerveau humain ne peut pas en supporter la tension longtemps. Une extase prolongée consumerait votre cerveau, à moins qu'il ne soit extrêmement pur et subtil. Dans la nature, rien ne dure, tout y est pulsation, apparition et disparition..." Nisargadatta Maharaj
Une expérience - si belle soit-elle - ne peut pas être notre vraie nature, car une expérience passe, pas notre vraie nature.
L'attente nous empêche d'être ouvert à la réalité qui est déjà ici, maintenant. Elle nous projette vers un futur imaginaire et lointain. Il s'agit au contraire de ramener notre attention dans le présent. Il n'y a rien à attendre; il suffit de voir ...à partir du rien.
"Cette attente d'un événement unique, dramatique, d'une explosion étonnante, ne fait qu'empêcher et retarder votre réalisation. Vous n'avez pas d'explosion à attendre" Maharaj
Nous pensons aussi que la réalité que nous vivons maintenant, cette conscience ordinaire est bien trop ordinaire pour être digne de cet éveil que nous cherchons. Nous voulons une conscience plus haute, supérieure.
Mais c'est précisément cette lassitude de la conscience ordinaire qui nous empêche de réaliser son mystère et sa nature. Soyons attentif au simple fait d'être conscient; sachons nous étonner du fait d'être, non pas d'être quelqu'un, non pas d'être un individu, non pas d'être un homme ou une femme, mais étonnons-nous juste d'être. Laissons ce mystère d'être, si ordinaire, nous révéler son enseignement.
Douglas Harding lui aussi distinguait les exériences de crêtes (les expériences mystiques) et la vision de notre vraie nature ; voici une de ses introductions à une semaine de stage :
"Si vous me dites : « voir c’est très joli, mais je ne ressens rien, je n’ai pas de merveilleuses expériences mystiques », je vais vous dire : « Moi non plus. Simplement je vois cela et c’est tout à fait ordinaire, c’est tout à fait calme et tranquille. Rien d’extraordinaire ». Nous ne disons pas que les cloches du ciel qui sonnent, l’amour, la joie, tout ceci ne soit pas merveilleux. Bien sûr c’est merveilleux. Le problème avec ces choses là c’est que nous ne pouvons pas les provoquer à volonté. Elles vont et viennent selon la grâce de Dieu. Mais ce qui est toujours accessible, c’est de voir à partir de quoi je regarde, ceci est le roc sur lequel je peux fonder quelque chose de solide. C’est le roc sur lequel l’amour et la compréhension peuvent pousser et fleurir merveilleusement. Alors il faut être clair là dessus et ne pas penser que cette semaine nous aurons une expérience mystique extraordinaire. Bien sûr, si cela arrive, félicitations. Mais ça n’est pas le but. Le but ce n’est pas d’avoir une expérience de crête, parce que les expériences de crête, les pics, les sommets, il est très difficile de s’asseoir dessus, à un moment on risque de glisser d’un côté ou de l’autre. C’est une expérience de vallée. Cette vision de ce qui regarde en nous, c’est beaucoup plus une expérience de vallée. Vous pouvez vous asseoir dans une vallée, pas sur un pic. Il faut s’en souvenir."
L'expérience de la vallée n'est pas même une expérience mais la source de toutes nos expériences, un sol, un roc, un rien, et un tout.
Juste là, à la base de notre vie si ordinaire, se trouve la simplicité de notre vraie nature, parfaitement évidente.
jlr
Qu'est-ce qui regarde maintenant, juste maintenant...?
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